vendredi 5 décembre 2008

Dîner-Réflexion (1/3) : Plan pour l’équipe de France

Le 2 décembre dernier avant les élections fédérales, les étudiants du MBA Management du Sport de l'ESG ont organisé un dîner-réflexion sur le thème de l'équipe de France masculine de basket-ball. Voici le compte rendu de la première partie du débat où le président de la FFBB, Yvan Mainini, présente son plan pour l'équipe de France.

Yvan Mainini commence par nous rappeler les propos tenus par l’entraineur de l’équipe de France en poste lors des qualifications pour l’euro 2009, Michel Gomez, « si nous avions gagné en Ukraine, on aurait perdu en Belgique ». Le président de la fédération pense que le problème est venu de la 8ème place obtenue lors de l’Euro 2007 qui ne correspondait pas au niveau de la France.

Yvan Mainini nous insiste sur le fait que cette équipe de France a besoin de tout le monde et surtout des joueurs majeurs français évoluant dans le championnat NBA : « ces joueurs tels Parker, Pietrus doivent être les locomotives du groupe afin de tirer les autres vers le haut ». M. Mainini précise tout de même que «joueur NBA ne veut pas dire joueur majeur du championnat de France et encore moins joueur majeur d’une équipe nationale ».

Mais le réel souci pour le président est de pouvoir réussir à concerner les joueurs français de tous les championnats. « Si Florent Pietrus avait été présent, je crois que la France se serait qualifiée ».
Le président de la fédération commence alors à dresser un plan pour l’équipe de France dans l’unique but d’avoir une équipe de France de Basket-ball compétitive pour les échéances futures.

1. Les joueurs
« Nous allons nous inspirer du modèle américain, c'est-à-dire que les joueurs américains avaient signé une convention de 3 ans avant les Jeux Olympiques de Pékin stipulant que ceux-ci s’engageaient à honorer le maillot américain en cas de convocation. Cela permettra aux bleus de rester concernés en vue des compétitions futures » poursuit le président. David Cozette, journaliste officiel du basketball sur Canal+, précise :
« il faut faire attention à réussir à concerner les joueurs sur la période des 3 ans. Il faudra que le groupe soit à géométrie variable ».
Yvan Mainini ajoute : « L’équipe de France continuera de s’appuyer sur un fédérateur en la personne de Tony Parker par son niveau de jeu bien évidement mais aussi par sa faculté à fédérer les autres joueurs. Le problème à l’heure actuelle est la gestion des egos de chacun. Certains n’arrivent pas à comprendre qu’il faut jouer pour l’autre quelque fois » conclue le président.

2. Le Staff
« Au niveau du staff, seul un entraineur de renom ayant déjà entrainé à haut niveau en Europe avec un charisme certain permettra en partie à cette équipe de pouvoir se stabiliser. Aujourd’hui, les joueurs réclament une personne qui transforme leur basket américain en basket européen en peu de temps. Pour gagner une qualification en Europe, il faut du basket européen. Il faut de même un préparateur physique qui suivra les joueurs individuellement pendant leur saison régulière. Celui-ci aura pour rôle de veiller à la préparation physique de chaque joueur au cours de la saison pour que les joueurs soient prêts quand ils arrivent en équipe de France car on ne peut pas demander à un joueur de NBA qui vient de faire plus de 100 matchs de venir passer 3 mois en équipe de France. Aussi, il est important d’avoir un médecin de confiance par rapport aux franchises américaines. Il faut faire attention et ne pas tomber dans des dérives, à l’image des Toronto Raptors qui réclament 6 millions de dollars à la fédération espagnole ».

3. Axe Opérationnel
« Il serait bon de voir naitre une cellule opérationnelle qui vivrait toute l’année basée autour de 3 familles :
• Les médias
• Les dirigeants de Pro A et B notamment du président de l’UCPB
• Les partenaires

Tous ces acteurs auront le droit à la parole au sein de cette structure » annonce le président de la fédération.
Concrètement, Yvan Mainini ne souhaite malheureusement pas donner le nom de l’entraîneur car il y a l’échéance électorale du 13 décembre : « ce choix doit être soumis à réflexion après les élections ». Puis, il revient sur l’épisode Etore Messina : « Je l’ai eu personnellement au téléphone, il était intéressé car ce poste correspondait à son profil Euroligue. Le problème c’est qu’il va entrainer l’année prochaine en Espagne et en Euroligue et qu’il est impossible d’entraîner en même temps une sélection nationale. Enfin, il ne voulait pas passer pour un traitre dans son propre pays, l’Italie, qui rencontrera la France en Août prochain ».

Yvan Mainini conclue son intervention en faisant un état des lieux des nations présentes lors de la future phase de repêchage : « Les équipes présentes sont fortes et si on arrive à passer, on est tout à fait capable d’être sur le podium ».

Intervention Pierre Dao
« Il faut voir beaucoup plus loin avec le gros problème de la formation, car aujourd’hui la formation reste insuffisante. Si on passe le mois d’août on peut être sur le podium ».

Intervention David Cozette
« On a en France un réel problème de culture au sein du basket français. Imaginez que Raphaël Ibanez ou Olivier Magne refusent la sélection tricolore. Ce n’est même pas imaginable un instant. Aujourd’hui, le basket est peut être le sport collectif le plus individuel possible », selon le rédacteur en chef omnisport de Canal+.

Intervention Jacques Monclar
L’homme aux 200 sélections sous le maillot bleu rappelle qu’il ne faut pas oublier qu’il y a des hommes derrières toutes les fonctions…
« Au lendemain de la défaite tous les anciens étaient de retour. Il va donc falloir aussi penser à réparer les egos de chacun. L’envie de ces anciens doit être matérialisée et ne doit pas tomber dans l’assistanat social. Mais quoi qu’il arrive, plus vous allez vers le haut niveau, plus les joueurs aiment être concernés. Aujourd’hui, il faut que les joueurs comprennent que le jeu sera organisé autour de Tony Parker et que chacun aura un rôle individuel à respecter. Il est important d’apprendre à se sacrifier pour l’autre ».

Aurez-vous du temps pour construire une équipe compétitive ?
Le président pense que la réponse réside dans la préparation physique anticipée et respectée et par une prise de conscience des joueurs.
« Encore une fois, cette équipe on doit la bâtir autour d’un coach charismatique. Mais en aucun cas le choix de Michel Gomez était un choix par défaut. Depuis le 15 septembre, les instances fédérales ont reçu 15 entraineurs susceptibles de pouvoir occuper le poste » poursuit Yvan Mainini.
« Il faut donc vite se tourner vers l’avant » même si le président de la fédération nous rappelle que l’on n’a pas su tirer les enseignements de la médaille d’argent acquis à Sydney, car le lendemain il restait 2 joueurs sur le sol français et donc « personne n’était physiquement présent sur les plateaux de télévision ». Cette absence quasi quotidienne ne sert pas le basket dans son développement.
La vision du président est quelque peu reprise par Frédéric Forte actuel président du CSP Limoges : « Il faut regarder devant et effectuer un travail de fond avec les équipes de jeune ». L’ancien meneur du CSP Limoges nous fait une confidence : « Au retour du match contre la Turquie en qualification, j’ai voyagé aux côtés de Tony Parker et je l’ai vu remobiliser tout le monde afin de rebondir le plus vite possible ».

Intervention David Cozette
« Ce qui est paradoxale à travers ce constat vient du fait que les joueurs espagnols rêvent bien évidement de rejoindre la NBA mais veulent déjà évoluer dans la ligue espagnole. A l’INSEP, ils veulent partir à la conquête du rêve américain avant d’évoluer sur les parquets français. Pour le grand public la NBA fait rêver. C’est du business, les franchises américaines sont de véritables machines à fric. Un travail de merchandising est réalisé au quotidien. En revanche l’Euroligue est perçu par le grand public comme ringard à la différence des passionnés qui la considère extrêmement intéressante. On est donc dans une réelle distorsion de l’image par la grande majorité des téléspectateurs. La chaîne cryptée est en parti responsable de ces jugements car elle réalise les montages du championnat de NBA qui regroupent les meilleurs moments. Bizarrement, on ne voit que des dunks. A croire qu’en NBA les lancers francs n’existent pas ». David Cozette pose alors la question : « pourquoi le basket français ne produit-il pas son basket pour envoyer gratuitement les images aux chaines de télévision ? »

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