Petit retour en arrière pour mieux situer le club de Limoges dans le paysage sportif 
Le CSP Limoges pèse 9 titres de Champion de France, de nombreuses coupes nationales. Et surtout, le club fait partie du cercle très fermé des équipes vainqueurs des 3 Coupes européennes, c’est-à-dire la Coupe Korac, la Coupe des Coupes, et bien évidemment la prestigieuse Euroleague remportée en 1993 avec dans ses rangs un certain Frédéric Forte.                
Durant les années 80 et le début des années 90, le CSP écrit son histoire et marque de son emprunte le basket français. Mais au lieu de surfer sur la vague du succès, Limoges commet certaines erreurs au niveau de la gestion du club, tant au niveau sportif que financier. 
Ainsi, les premières grosses difficultés pour le club éclatent dès la fin des années 90. Frédéric Forte souligne par ailleurs que tous les grands joueurs qui ont porté haut les couleurs de la ville, ont vécu un divorce difficile avec le club. Des joueurs comme  Richard Dacoury, plus grand palmarès du basket français, ont quasiment tous été écartés du club avec pertes et fracas.
Le CSP Limoges continue de faire parler de lui dans la presse, non plus pour ses exploits sportifs mais pour ses démêlés avec la justice. Le 7 juillet 2004, la mauvaise gestion du club amène à une liquidation judiciaire. Le club doit être relégué au cinquième niveau du basket français,  c’est-à-dire en Nationale 3. Cette décision sonne le glas du CSP Limoges.  
A cet instant, Frédéric Forte, qui devait partir en vacances, décide de repousser son départ pour se rendre à Limoges. Il précise «  il était pour moi impensable de laisser le club de Limoges descendre en nationale 3 lorsque l’on connait sa notoriété, son histoire et la passion qu’il suscite ».            Seulement, à son arrivée sur  place le 8 juillet 2004, lui qui pensait compter sur  de nombreuses « forces vives » pour relancer le club, s’est en fait retrouvé seul.                                          
L’accumulation d’articles dans les médias faisant acte des dérives du CSP Limoges, avait lassé l’ensemble des soutiens du club. La rétrogradation du Limoges CSP en Nationale 3 devenait une fatalité. Il remonte ainsi directement à Paris où il rencontre les décideurs de la Fédération Française de Basket Ball. Résultat : L’ancien meneur du CSP a 4 jours devant lui pour monter un budget et présenter un dossier finalisé aux membres de la FFBB dans l
e but d’intégrer la Nationale 1.
Le challenge parait impossible mais pourtant…
Dès son retour à Limoges, il décide de rencontrer les partenaires du club. Il trouvera les mots justes pour les conserver et les convaincre de faire partie d’une nouvelle aventure. « Nous ne nous sommes pas aventurés sur le champ sportif pour convaincre nos partenaires, car la visibilité en Nationale 1 est très inférieure à celle d’un club de Pro A. L’important était qu’ils aient conscience d’être à l’origine d’un nouveau projet ». Les collectivités territoriales ont également suivi le club, et apporter un soutien moral et financier important.
Durant ces 4 jours marathon, Frédéric Forte a fait face à de nombreux refus venant des banques. La perte de confiance de celles-ci était légitime suite aux nombreuses affaires  du CSP Limoges. «Les banques me répondaient à chaque fois : je crois en votre projet, mais pas chez nous, on ne peut plus ». Il réussira tout de même à convaincre un dirigeant de sa propre banque de les accompagner dans le nouveau projet du CSP Limoges. Mais la pression est énorme, aucun écart possible.
De fait, le club a été autorisé à évoluer en Nationale 1. La Commission de contrôle et de gestion de la fédération (FFBB) lui a accordé une dérogation. "Cette mesure exceptionnelle est justifiée par la nécessité de pérenniser l'activité basket au sein d'un club incontestablement historique et qui a, par le passé, porté au plus haut les couleurs de la France à travers le Vieux continent", indique la FFBB. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, Frédéric Forte décide de prendre la présidence d'une nouvelle association baptisée CSP Elite, qui dirigera cette équipe de Nationale 1.
Premier défi relevé avec succès pour F. Forte qui, à l’époque venait de signer un contrat avec le club italien de Scafati et ne sera donc pas disponible autant que sa fonction de président pourrait l'exiger. Mais sa présence rassure les collectivités et partenaires privés du club. Autres difficultés pour le nouveau président, il reste 3 semaines avant la reprise de l’entrainement. Le club doit recruter de nouveaux joueurs pour compenser les nombreux départs suite à la liquidation judiciaire du club.
La renaissance…
Le Limoges CSP est un club historique, atypique, unique. « Une grand-mère est venue me voir au club pour acheter son abonnement. Je n’avais pas eu le temps de préparer le tarif et nous étions encore loin de la reprise du championnat. Elle est repassée une heure plus tard pour s’inscrire. En un mois, on a vendu 800 abonnements pour un club qui évoluera en Nationale 1. A ce moment précis, j’ai compris que le CSP est promis à un bel avenir ».
Le club remonte ainsi rapidement en Pro B et continue de développer ses actions auprès de ses partenaires. Le CSP Limoges est considéré comme une véritable marque. La ville est connue pour son club de basket. C’est d’ailleurs une des raisons du soutien précieux des collectivités locales. Quant aux partenaires privés, ils ont pour la majeure partie accepté de « prendre l’autoroute avec nous ».

Frédéric Forte a compris également qu’il fallait s’entourer de personnes de confiance, et structurer le club. Il réduit ainsi la part d’incertitudes du champ sportif et  « se donne les moyens de réussir ». Par la même occasion, il décide de former un véritable socle en recrutant Wilfried Duchemin directeur général du club, et  Stéphane Ostrowski en tant que responsable marketing.  Aujourd’hui, 6 personnes travaillent au sein de la cellule administrative du club pour gérer le quotidien mais aussi et surtout réfléchir au développement du club demain. Devant la complexité des tâches à entreprendre, Frédéric Forte avait pensé à déléguer certaines tâches à une agence de marketing sportif. « Le tarif n’était pas raisonnable, et nous ne voulions pas rééditer les erreurs de gestion qui ont amenées le club à être liquidé. D’ailleurs, nos chiffres actuels dépassent les prévisions de ces agences de marketing ». Il ajoute  « qu’il ne ferme pas complètement la porte, mais que tout se fera dans l’intérêt du club ».
La structure actuelle permet au club de ne pas être dépendant des résultats sportifs. En cas d’échec  cette année pour la montée en Pro A, cela n’empêchera pas le club de poursuivre son développement ni d’entamer l’ambition de ses dirigeants. Car avec ses 1 200 abonnés, ses 3 500 spectateurs en moyenne, ses 80 bénévoles qui s’investissent lors de chaque match, le CSP Limoges est plus qu’un club, c’est une institution du basket français. La fierté de ses supporters qui portent le maillot « Ici c’est Limoges » en est la parfaite illustration.
Par ailleurs, M Forte pose le problème de l’image que véhiculent les paris sportifs. En effet, ces nouveaux venus sur le marché du sport business vont être difficiles à gérer. Le président du CSP Limoges se montre pour l’instant réticent : « Il faudra clarifier les choses au départ, sinon la question de l’équité sportive, des résultats, seront remis en question chaque week-end. Imaginez un joueur qui parle à un partenaire issu du monde des paris après un match et que ce même joueur manque le panier décisif le match suivant. C’est un sujet complexe qui pose de véritables problèmes ». Il n’en demeure pas moins que demain les sociétés de paris sportifs vont apporter de nouvelles ressources financières et que c’est un virage important que chaque club devra maitriser. Le CSP Limoges veut avant toute chose conserver une image saine. Faisons confiance à toute l’équipe administrative du CSP pour trouver les meilleures solutions afin d’optimiser les revenus de leur club.
Ses nouvelles responsabilités...
Lorsque l’on interroge M Forte sur ses nouvelles responsabilités au sein de la Fédération Française de Basket Ball (il intègre le Comité directeur de la FFBB), il répond avec enthousiasme que c’est avec grand plaisir qu’il assumera cette double fonction. Il est néanmoins évident que M Forte va devoir déléguer plus de taches à son équipe et en particulier à W. Duchemin, DG du club, et S. Ostrowski, responsable marketing. La qualité et l’osmose qui  règne avec son équipe lui permet d’envisager l’avenir sereinement. Quant au nom du futur entraineur de l’Equipe de France, M Forte s’est montré plus évasif sur le sujet en annonçant 2 candidats français et 2 pistes étrangères…affaire à suivre dans les tous prochains jours.
Merci à l'ESG et à Arene Evenement sans qui ce déplacement n'aurait pas été possible.
